Peu après sa Bar Mitsva, mon plus jeune frère renonça progressivement à toute pratique du judaïsme. Pour lui, son identité juive ne signifiait plus rien.
Après son mariage, il s’installa à S. Dorothy, Laval, en banlieue de Montréal, non loin de chez mes parents. Depuis quelques années, des missionnaires chrétiens se rendaient régulièrement à son domicile.
Mon frère les écoutait poliment chaque fois qu’ils se présentaient. Et ils venaient de plus en plus souvent.Un jour, ils l’invitèrent à se joindre à eux pour une soirée de prières « pour que vous compreniez mieux la parole de D.ieu et pour que votre fille ait des contacts avec d’autres enfants… » . Mon frère avait l’intention d’accepter.
Exactement le même soir, une scène toute différente se déroulait au domicile de mes parents. Un jeune ‘hassid – Rav Zalman – leur proposait de participer à une petite fête de ‘Hanouka qui aurait lieu chez lui. Rav Zalman s’était rendu dans dix maisons porteuses d’une Mezouza, et avait invité les familles à cette petite fête. Une de ses premières étapes fut la maison de mes parents. Ceux-ci étaient ravis de l’invitation et ma mère demanda à Rav Stiefel :
– Puis-je vous demander un grand service ? Mon fils habite non loin d’ici ; il n’y a pas de Mezouza à sa porte, il ne veut plus rien entendre du Judaïsme… Mais, peut-être, un contact personnel…
Retour au domicile de mon frère. Il avait justement une discussion animée avec son épouse, son beau-frère et la fiancée de celui-ci à propos des missionnaires :
– J’ai épousé un Juif et tu resteras juif ! insistait ma belle-sœur. Tu ne dois pas aller à l’église, même pour une seule réunion !
Mon frère devenait de plus en plus nerveux tandis que toute la famille semblait se liguer contre lui. Il sortit sa dernière cartouche :
– Eux, les missionnaires, ils s’intéressent à moi ! Ils viennent à ma porte et me rendent visite à la maison ! Ils prennent du temps pour me parler ! Ils sont venus discuter avec moi personnellement. Est-ce qu’un rabbin s’est intéressé à moi ? Est-ce qu’un rabbin a pris la peine de frapper à ma porte et de m’inviter à une fête ?
Mon frère s’arrêta un instant pour reprendre son souffle. A cet instant, on sonna à la porte.
Imaginez le choc et l’incrédulité de chacun des protagonistes quand on ouvrit la porte et qu’apparut un jeune rabbin souriant : Rav Zalman tenait une Ménora et des bougies de ‘Hanouka. Il fallut plusieurs secondes à toutes les personnes présentes pour retrouver leurs esprits et pour proposer au rabbin de ne pas rester dans le froid et d’entrer : « Je viens vous inviter à la fête de ‘Hanouka qui se déroulera chez moi… » commença Rav Zalman. Essayez d’imaginer la scène : mon frère s’efforçant de démontrer l’indifférence des rabbins à son égard, au moment exact où l‘un de ces rabbins venait jusqu‘à chez lui l‘inviter à une fête de ‘Hanouka !
Cette visite devait lui faire complètement changer d’avis à propos du judaïsme.
La semaine suivante, Rav Zalman et son épouse, ainsi que leurs cinq enfants, préparaient la fête. Par un remarquable concours de circonstances, ou plutôt par Providence divine, la seule famille qui se présenta à la fête de ‘Hanouka fut mon frère avec sa fille et nos parents. Ensemble, ils allumèrent la Ménora, entonèrent des chants de ‘Hanouka, dégustèrent des beignets à la confiture, bénéficiant d’une atmosphère amicale inoubliable.
Quelques jours plus tard, mon frère assista au grand allumage officiel à la synagogue.
En fait, ce soir-là, mon frère participait à sa première célébration juive depuis son enfance.
Peu de temps après, il fut invité avec sa famille à un repas de Chabbat au foyer de Rav Zlaman et de son épouse, une invitation qu’il a acceptée avec gratitude et qu’il ne regretta pas : petit à petit, il revint vers la pratique du judaïsme, et retrouva l’harmonie dans sa vie.
Je sais que mon frère et toute notre famille ont été touchés par ce miracle de ‘Hanouka.
D.ieu est grand et toujours présent dans notre vie. J’espère et je prie que nous puissions tous bénéficier de tels miracles « à cette époque, de nos jours ! »