Tou-Bichvat est une fête joyeuse, durant laquelle on a coutume de s’attabler autour de toutes sortes de fruits de l’arbre, et de les bénir en ce jour du Roch Hachana des arbres. Mais quel est le sens de cette étrange coutume ?
Cette année, Tou-Bichvat tombe le vendredi 25 janvier, dont durant Chabbat, c’est un joli mariage, car un point commun les unit : la louange que l’on fait à D.ieu pour Ses créations. Chabbat, on loue la création et son jour de repos, tou bichevat, on loue les sublimes créations de D.ieu.
Selon le voyant de Lublin (Torat Emet), en appréciant ce qu’Hachem a créé dans son monde et en Le louant pour sa Création, l’homme suscite une réelle satisfaction à D.ieu, comme il est écrit : « D.ieu a créé le monde pour qu’il soit loué ». Et en bénissant les arbres créés par Hachem le jour où ils entament leur floraison, on loue le Créateur pour la magnificence de Sa création.
Car on le sait, Tou bichvat est le nouvel an des arbres.
On notera également que l’une des particularités de Tou-Bichvat est les bénédictions (bra’hot) que l’on fait sur tous ces fruits.
Le Rav de Rojin zatsal, disait qu’au moment de faire la bra’ha sur les fruits, il fallait penser intensément (avec kavana) à faire descendre la bénédiction sur nous, et de nous rapprocher de D.ieu.
L’essentiel pour obtenir l’esprit sain sont la kavana et l’application à dire les bénédictions.
Pour revenir à la fête proprement dite, dès que nous voyons des fruits sortir après Tou-Bichvath, nous savons qu’ils ont été irrigués par les pluies qui sont tombées après Roch-Hachana.
Un verset dans la Torah dit : « L’homme est un arbre des champs », ou encore
« La Torah est un arbre de vie pour ceux qui s’y attachent ».
Un commentaire sur le livre de Dévarim explique que Moïse avait commencé à interpréter la Torah à partir du mois de Chevath. Cela est cohérent lorsque l’on sait que la Torah écrite est comparée à un arbre, et la Torah écrite sont les fruits de cet arbre.
La Torah est également comparée à l’eau puisqu’elle pénètre dans les cœurs et les esprits, comme l’eau pénètre les différentes couches de la terre. Certes, il y a des phases où il est très difficile d’étudier. Lorsque nous étudions, nous nous posons mille et une questions. Le but n’étant pas de rester sur ces interrogations, mais d’y répondre.
Ces questions, nous les mûrissons. Il y a des périodes fructueuses et d’autres qui les sont moins. Des périodes où nous devons faire descendre au plus profond de nous la Torah écrite et d’autres qui, avec le temps, voient rejaillir des réponses, des observations, des éléments de compréhension : c’est la Torah orale.
C’est pour cela que nous ne devons pas seulement voir Tou-Bichvath comme la célébration des fruits, mais celle des fruits de la Thora.
Dans un recueil sur Tou-Bichvath, où de nombreux Midrachim sont rapportés sur ce sujet, il est mentionné que la coutume n’est pas seulement de manger des fruits, mais également de se réunir pour dire de belles paroles de Torah.
Quand vous vous réunirez pour fêter en famille Tou-Bichvath, n’oubliez donc pas de les agrémentez de paroles de Torah, car ce sont les vrais fruits de l’arbre de vie… qu’est la Torah.
Nous conclurons avec la dernière phrase du traité de Kétouvoth : « L’arbre a porté ses fruits, le figuier et la vigne ont donné de bons fruits ».
Rachi explique que lorsqu’on parle de figuier et de vigne, nous comprenons qu’ils ont donné leurs fruits. Mais de quel arbre parle-t-on au début de ce verset ?
Cet arbre est celui qui est cité par le prophète Joël : « Tous les arbres invalides, qui ne sont pas fructueux en Israël, à la fin des temps, porteront eux aussi des fruits ».
Joël adresse-t-il une bénédiction aux agriculteurs ?
Sans doute pas. En revanche, il est clair qu’il est question d’arbres qui ne portent pas de fruits. Le prophète nous annonce qu’à la fin des temps, même ceux-là donneront des fruits. Il faut sans doute comprendre qu’il est question dans ce verset des hommes qui n’étaient pas en mesure de produire leurs fruits en Torah.
Aujourd’hui, nous traversons des temps où un grand nombre de Juifs redécouvrent leur racines, ouvrent des livres de Torah ; et ces mêmes hommes qui étaient stériles et infructueux pourront bientôt donner leurs fruits en Torah, comme l’annonce le prophète.
Adressons nos prières pour que cette prophétie prenne tout son sens et que très bientôt nous voyons de très beaux fruits en Israël, et que tous les arbres, même le plus secs, puissent eux aussi donner leurs meilleurs fruits, ceux de l’arbre de vie.